lundi 22 septembre 2014

À lire : L'avec schizophrénique de Danielle Roulot


Danielle Roulot
L’avec schizophrénique 
Préface de Michel Balat, 
Postface en dialogue avec Jean Oury, 
Éd. Hermann mars 2014

Je ne crois pas qu’il puisse y avoir, dans la psychothérapie des psychoses, de l’être ensemble, et c’est pour cela que je préfère le terme d’avec schizophrénique.” 

Ce livre dense et limpide tient par une écriture qui se met à l’épreuve de l’avec. Un livre qui s’éprouve à écrire ce dont il s’agit dans la présence à l’autre, “à ce que présente le patient au thérapeute, à l’équipe soignante et aux autres patients”, tel est le dernier ouvrage de Danielle Roulot, auteur des Paysages de l’impossible. Elle nous convie au cœur de sa clinique du quotidien à La Borde où elle vit depuis 1965, nous convoque en témoins : il s'agit de décrire son attention aux lieux, au “contexte”, à l’ambiance, au respect absolu de l’autre. Nous devenons  témoins de ce que Michel Balat appelle, dans sa très belle préface, “une sorte d’accordage tonal”. Parcours singulier tourné vers l’écriture, bien plutôt “entre” de nombreux espaces d’écritures... Tissages mutuels relayés de lectures, étayés de concepts à l’égard des pensionnaires schizophrènes – la schizophrénie est sans doute la plus humaine des maladies, écrit-elle à la mort d’Alexandre, le préféré des patients : c’est le drame de l’homme aux prises avec le langageLes greffes, les boutures, le miteinandersein, le das Ding, le ma, l’Autre enfin... rencontrent cette “pulsion thérapeutique” (Searles) qui conduit ce livre commencé avec Cécile, et qui se conclut avec cette phrase de Cécile : “Ce n’est pas une mince responsabilité que d’être pensionnaire à la Borde”. 
Jusqu’au “Ha des choses”, le dernier très beau chapitre... 
Élisabeth Gailledrat

La rentrée de la CRIEE – Le collectif à venir - 27 novembre 2014


 LA CRIEE
Année 2014 – 2015
PROGRAMME  1ER TRIMESTRE 
  Le Collectif à venir
Nous poursuivrons, sur les traces des années précédentes, les échanges sur les enjeux des pratiques de la Folie qui se posent aujourd’hui dans un contexte culturel et politique inédit. Le «moment St Albanais » avait suscité l’émergence de la PI et du désaliénisme, s’appuyant sur quelques psychiatres d’avant- garde. Une période où la promotion de la politique de secteur, l’essor de la psychanalyse donnaient l’impression d’une ouverture de la Culture à l’inconscient freudien, mais aussi à une psychiatrie luttant contre sa fondation ségrégative, et œuvrant à des « alternatives à l’Asile ». De multiples tentatives ont ainsi vu le jour théorisant leur expérience avec des idéaux humanistes, marxisants, libertaires qui n’avaient pas forcément de grande cohérence conceptuelle, mais traduisaient l’effervescence du « moment 68 » et de ses suites. Les années 80 auront été marquées par la reconnaissance légale du secteur, pour très vite aboutir, dans un mouvement de retournement pernicieux, à l’idée d’une évaluation généralisée des pratiques, afin de les rendre mesurables et « normalisées ». La Criée a été ainsi fondée en 1986 contre ce projet désastreux qui prétendait maitriser l’inestimable du désir humain, mais aussi pour continuer à promouvoir les praxis se réclamant d’une double articulation entre le Politique et la Psychanalyse. Nous nous sommes ainsi réinscrits au cœur même même de la transmission de la PI, tout en soutenant avec constance la nécessité de réinventer une conceptualisation qui s’était forgée dans une toute autre époque. Chacune de nos rencontres s’est effectuée avec ce souci d’un ancrage dans les pratiques, et d’échanges transdisciplinaires entre des approches qui relevaient le défi de la « double aliénation ». Jean Oury aura été à nos côtés pendant un quart de siècle, nous apportant une pensée toujours en mouvement et se nourrissant de nos échanges. Sa mort à la veille de nos dernières rencontres nous place devant des responsabilités accrues : il s’agit de tenir le cap des «praxis instituantes» (cf Dardot et Laval dans «le Commun»), autrement dit de relancer sans cesse la création de lieux d’accueil et de soin qui s’appuient sur la créativité et la parole mise en acte de ceux qui s’y tiennent : patients, soignants, mais aussi familles et personnes concernées … Cela suppose une résistance opiniâtre contre les folies évaluatrices et les volontés de mise au pas de la HAS, qui s’institue aujourd’hui en « police de la pensée » du soin et des pratiques. Ce qui affecte notre praxis se trouve comme toujours pris dans l’aliénation sociopolitique de notre époque marquée par l’ultralibéralisme et par la montée inquiétante du racisme et des processus ségrégatifs.
Repenser donc le Collectif à venir en s’appuyant sur les théorisations de ceux qui nous ont précédés, et en particulier Jean Oury, relire ses séminaires, mais aussi nous confronter aux difficultés de la pratique actuelle, devrait mobiliser nos échanges pour les deux années à venir, et se conclure par des rencontres ouvertes sur les échanges et les rassemblements indispensables.
Patrick Chemla
Suite du programme...

Manif nationale des hospitaliers contre l'hôstérité

Paris mardi 23 septembre 11h00
La convergence des hôpitaux en lutte vous appelle tous à la
MANIFESTATION NATIONALE DES HOSPITALIERS CONTRE L’HÔSTÉRITE 
Ministère de la Santé 14, avenue Duquesne, 75007 





Manifestation à l’appel de la coordination des hôpitaux en lutte.
Convergence des hôpitaux en lutte contre l’hôstérité : Le réseau de soin public et privé non lucratif de la santé, du médico-social, du social ou de l’aide à domicile est en danger !

Ça suffit ! Partout en France les hôpitaux souffrent des mêmes maux : des budgets toujours en baisse qui ne couvrent pas toutes les dépenses. Des directions d’établissements qui décident de restructurer, de diminuer l’offre de soins, la masse salariale et de supprimer des postes et des services.

vendredi 19 septembre 2014

Au centre Antonin Artaud à Reims

Article paru dans L'Union L'ardennais REIMS (51) 
le 17 septembre 2014 

Depuis sa création en 1985, ce centre propose une vision humaniste de la psychiatrie. Avec toujours cette question essentielle : quelle place pour les fous dans notre société ?

Patrick Chemla, responsable du Centre Antonin Artaud
aux côtés de sculptures réalisées par un patient.  Rémy Wafflart.
Ce matin-là, c’est jour d’assemblée générale à Antonin-Artaud, dans les locaux de la rue Talleyrand, en plein centre-ville. Dans une salle, une quarantaine de personnes ont pris place. Patients, psychiatre, infirmiers, éducateurs et stagiaires. Ici, il n’y a ni blouse blanche ni pyjama. Les projets des semaines à venir sont évoqués : journée de la solidarité, fête de la Salamandre, sortie en Alsace, etc. Une femme lève la main : « Et on ne pourrait pas faire une sortie au quai Branly ? » Patrick Chemla, fondateur du centre Antonin-Artaud, répond: « Oui, pourquoi pas ? Il faudra voir qui est intéressé... » Des personnes acquiescent déjà en silence. Ce qui frappe, c’est la qualité d’écoute. Est ensuite abordé le meeting qui se tiendra le 1er novembre, à Montreuil, avec le Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire.

dimanche 14 septembre 2014

In memoriam, Jean Oury


de Marie-Lise Lacas
paru dans les Cahiers H. Ey, juillet 2014, Les Lettres de la SPF, septembre 2014

Jeune « apprentie » psychanalyste à la SFP (Société Française de Psychanalyse) dans les années 60, pour moi Jean Oury faisait déjà partie des « notables », même s’il n’était pas des instances institutionnelles. Nous nous sommes retrouvés à l’École Freudienne, dans ce climat d’enthousiasme partagé pour l’enseignement de Jacques Lacan. Mais Oury, pourtant fidèle à Lacan – et il le demeura – se démarquait des « groupies », ne portant ni nœud papillon, ni gilet à fleurs. En « homme tranquille » il poursuivait son chemin, et son œuvre, la clinique de La Borde, qui devait devenir un lieu de formation et de travail incontesté pour tous ceux qui s’intéressaient à la psychose et autres formes de déstructuration psychique – mais pas uniquement… Frère du célèbre Fernand Oury, élève et ami de Tosquelles, son « truc » à lui c’était la psychothérapie institutionnelle : La Borde a acquis avec lui une renommée internationale à l’instar de Palo Alto, du Bürghozli, de l‘école orthogénique de Bettelheim et autres hauts lieux de la clinique « psy » des cas impossibles. 

mercredi 10 septembre 2014

En hommage à Jean Oury, Paris


En hommage à Jean Oury

En mai de cette année disparaissait Jean Oury. Il était le fondateur de la clinique de La Borde (1953) qu'il n'a jamais quittée. Pour évoquer cet homme, de psychiatre, cet artiste de la rencontre, des membres de trois revues seront réunis : Blandine Ponet pour Empan, Edmond Perrier et Michel Minard pour Sud/Nord et Olivier Apprill et/ou Jean-Claude Pollack pour Chimères. Cette rencontre, organisée par Marie-Paule Chardon sur une idée des éditions Érès, est animée par Paul Machto.

Samedi 11 octobre 2014
de 18h30 à 20h, salle Jacques Le Goff 1er étage
Salon de la Revue – Espace des Blancs-Manteaux
48 rue Vieille-du-Temple, Paris 4
(Rambuteau ou Hôtel-de-Ville)

Renseignements : Ent'revues, 14, rue de Rivoli, 75001, Paris (Palais-Royal), info@entrevues.org
01 53 34 23 25

Jean Oury, le rebelle de la clinique de La Borde

Les 17èmes Rendez-vous de l'histoire à Blois sont heureux de vous inviter à la rencontre 
Jean Oury, le rebelle de la clinique de La Borde

Samedi 11 octobre de 14h30 à 16h, Salle des conférences, Château royal de Blois.
Une table ronde avec Michel Balat, sémioticien, Patrick Coupechoux, journaliste indépendant, collaborateur au Monde diplomatique, Pierre Delion, pédopsychiatre, professeur à la faculté de médecine de Lille 2, Éric Favereau, journaliste à Libération et Lucien Martin, animateur de La Gazette.

Hommage à Jean Oury, Paris

L'Association de Formation psychanalytique et de Recherches freudiennes, Espace analytique, rend un hommage à Jean Oury, membre d'honneur d'Espace analytique, le samedi 27 septembre 2014, de 10h à 17h, au 12 rue de Bourgogne, 75007, Paris. 

Sont conviés tous ceux qui ont suivi, accompagné ou prolongé le travail de l'équipe de La Borde et le mouvement qu'il a généré.

Avec les participations de Serge Bédère, Gisèle Chaboudez, Stefan Chedri, Laurent Delhommeau, Christophe du Fontbaré, Samuel Lievain, Ginette Michaud, Pierre Poisson, Alain Vanier, etc. 
tél : 01 47 05 23 09

Documentaire, "Je vous salue ma rue"

Dimanche 21 septembre à 10h45, au cinéma Gaumont Opéra (Capucines), 2 Bd des Capucines, Paris 9, aura lieu la projection du documentaire de Françoise Roumanet, 
"Je vous salue ma rue
Merci de bien vouloir confirmer votre présence à : f.roumanet@gmail.com

Ce documentaire est l'aboutissement d'un travail étalé sur 3 ans, dont 2 ans de maraude, pendant lesquels la réalisatrice a tissé des liens prudents avec les grands exclus et les délirants tombés dans la rue, et suivi des équipes mobiles de soins (EMPP) dans la prise en charge urgente de la dégradation tant physique que psychique. Les intervenants parlent de leur expérience de terrain, des phénomènes de désocialisation, de l'exclusion, de la souffrance psychotique, de la place faite à la psychiatrie, et de l'inadéquation des moyens face à un problème de santé publique.

En présence des intervenants du film, suivra un débat avec Régis Airault, psychologue hospitalier, Olivier Douville, anthropologue, psychanalyste, Guy Dana, psychanalyste, chef de Secteur psychiatrique de Longjumeau, Xavier Emmanuelli, fondateur du Samu Social de Paris.