Les 16 et 17 mai 2014 à Reims
Voir le programme complet de l'événement sur le site de la Criée."A la suite des deux années sur l’hospitalité, il nous paraît important de reprendre à bras le corps un des motifs fondateurs de La Criée, à savoir la transmission, et cela dans un mouvement d’une répétition mise au travail du Collectif. Nous vivons en effet un moment très particulier de crise de la transmission dans tous les registres des échanges sociaux, en particulier pour la psychanalyse et les pratiques psychiatriques qui s’en réclament.
La haine de la psychanalyse et de la Psychothérapie Institutionnelle, la haine de l’inconscient font rage et engendrent des campagnes qui affolent l’opinion par le biais de calomnies qui tournent dans Internet et dans de nombreux média. Le récent plan Autisme en est un symptôme politique accablant. Comment en sommes-nous arrivés là ? Ce serait une des manières contextuelles d’aborder les enjeux de la transmission,
et en particulier qu’elle ne se satisfait d’aucune évidence:
des cultures, des civilisations ont pu disparaître pour certaines sous nos yeux au profit d’une homogénéisation ; et rien ne nous dit qu’il n’en sera pas de même pour nos pratiques si nous n’avons pas le souci de les transmettre. Ce qui ne saurait s’envisager en dehors d’un processus dialectique qui suppose dessaisissement chez les uns et travail de réappropriation/réinvention chez les autres. Encore faut-il aussi qu’il n’y ait pas empêchement, voire interdiction d’une telle transmission en contradiction flagrante avec l’entreprise de formatage actuelle où c’est la non-pensée qui se trouve prônée. Reste qu’il nous faudrait ensuite préciser « l’inestimable objet de la transmission » (Legendre), à le distinguer de l’enseignement d’un savoir quand bien même ce savoir nous apparaît-il précieux, indispensable et échappant au dogmatisme. Cette transmission ne saurait s’opérer sans reste, sans butée sur l’intransmissible et l’impartageable, faute de quoi elle produirait « une bande de clones » (J.Hassoun). Et tous ceux qui ont fréquenté les institutions y compris analytiques connaissent cette
difficulté que Derrida a nommé «monolinguisme de l’Autre ». Le narcissisme des petites différences et son cortège de «petits meurtres entre amis» constitueraient l’autre versant de la même impasse. Enfin nous garderons à l’esprit le registre métapsychologique du fantôme et de la crypte (Abraham et Torok), et des conséquences à en tirer pour la clinique mais aussi pour la transmission. La censure, le caviardage, et les silenciations (JJ Moscovitz) de l’histoire trament ainsi de façon spectrale toute transmission et ne sont
aucunement l’apanage d’une configuration clinique : nous sommes tous plus ou moins des sujets cryptophores…
Ces rencontres s’inscriront de fait dans l’après-coup des Assises Citoyennes pour l’Hospitalité en Psychiatrie et dans le médico-social tenues avec succès par le collectif des 39 les 31 mai et 1er Juin dernier à Villejuif. Ce sera l’occasion de poursuivre le travail de rassemblement nécessaire pour nous tenir aux enjeux cliniques et politiques du Transmettre."
Patrick CHEMLA
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